Principes et actions de la semelle posturale :
Notre peau plantaire (capteur primaire) possède des capteurs sensibles à différents stimuli (la chaleur, l’étirement ; la pression…)
Les muscles composés de myofibrilles sont sensibles à l’étirement (capteur secondaire)
Certaines modalités sensorielles présentent une fonction à la fois extéroceptives et proprioceptive (La proprioception est la perception consciente et inconsciente que nous avons de notre corps dans l’espace), comme la vision (tension des muscles oculomoteurs, information rétienne), la peau, l’audition ou l’olfaction (Roll 1994).
Nos semelles peuvent donc avoir une action de modulation des appuis et une action sur l’étirement des fuseaux neuromusculaires.
Toute stimulation asymétrique susceptible d’induire une modification de la distribution des pressions plantaires d’un pied par rapport à l’autre ou au sein du même pied entraine une réponse posturale tendant à compenser la répartition inégale des pressions, celle-ci signifiant que corps s’est écarté de sa position d’équilibre (kavounoudias 1998)
Par conséquent les semelles posturales sont des semelles avec des asymétries millimétriques, nous plaçons des éléments de faibles épaisseurs ( de 1 à 3mm en moyenne) à certaines régions du pied afin de créer une stimulation qui entrainera une réaction posturale.
Méthode et action
L’organisation posturale s’organise à partir de la direction du regard.
Le système nerveux central va analyser le glissement de l’image sur la rétine, mais en même temps le déroulement des contacts sur la peau plantaire du pied.
C’est lors d’un conflit entre l’information cutanée et rétinien que va se créer le trouble postural.
L’objectif thérapeutique repose sur le fait que l’on va où l’on regarde.
L’œil « dit » au pied où il doit se poser.
Nous avons deux stratégies possibles :
- contingence oculaire droite.
- contingence oculaire gauche.
Nous avons déterminé deux typologies dynamiques gestuelles (asymétrie orthostatique posturale) qui s’expriment en fonction de la direction du regard.
La stabilité du regard dépend de la stabilité podale et inversement.
Lors d’un examen clinique postural, nous recherchons si l’œil directeur (œil qui gouverne la vision) présente bien les asymétries orthostatiques qui lui correspondent.
Nous savons que tout schéma qui n’est pas homogène par rapport à notre œil directeur génère un trouble postural.
La neurophysiologie nous dit que notre système central repose sur des modèles internes que nous avons créé durant sa maturation et alimenté durant tout le temps de notre vie, ainsi le système nerveux central va fonctionner sur des prédictions. Nous disposons d’un répertoire de réactions posturales « prêtes à l’emploi » ; ces synergies sont des réaction stéréotypées, déclenchées par des configurations particulières de signaux sensoriels. On perçoit ici le rôle clé de ces capteurs, à la fois détecteurs et déclencheurs, dont l’information, vestibulaire par exemple, n’est pas seulement un signal mais aussi un signe (Berthoz 2008)
Lorsque l’image prédictive ne correspond pas à la réalité un code erreur sera créé (ce contrôle postural s’appuie sur différents sous système, au premier rang desquels se situent les systèmes sensoriels qui renseignent sur les caractéristiques des stimuli provenant de l’environnement et/ou de l’individu- Rigal 1995), le système nerveux central devra donc recréer un nouveau modèle en faisant appel à ses récepteurs allocentrés(vision), égocentrés(proprioception) et géocentrés (oreille interne).
C’est à ce moment que le posturologue intervient.
Le bilan postural aura mis en évidence les entrées dysfonctionnelles ou les défauts d’intégration sensorielle responsable de ce code erreur.
Puisqu’il existe trois entrées primaires : l’œil à travers la rétine, le système vestibulaire à travers les canaux semi-circulaires et le système otolitique et le pied à travers les capteurs plantaires.
Nos semelles vont fonctionner sur le principe de l’information différentielle, c’est-à-dire que nous allons ajouter des zones de contact qui n’étaient pas répertoriées dans la bibliothèque de modèle interne.
Cette nouvelle information sensorielle va être analysée par le système postural qui va ou non valider la nouvelle proposition de ce nouveau modèle recalibrant l’ensemble du système.
Pourquoi les semelles sont-elles si fines ?
Le système central s’intéresse qu’aux « rumeurs » c’est-à-dire aux toutes petites informations différenciées.
Ces petits éléments vont agir sur les récepteurs plantaires (le tact) qui sont d’avantage impliqués dans la régulation des oscillations posturales de faibles amplitudes et sur la proprioception qui est sollicitée plus tardivement pour réguler les oscillations corporelles plus amples.
Hacbarth K 1952, montrait qu’une stimulation des corpuscules des Meissner(mécano récepteur) entraine une augmentation du tonus des muscles sous-jacents.
Si l’étirement est de quelques millimètres, on obtient une réponse de sensibilité de 3à 10 influx par seconde et par millimètre tandis que si l’étirement est de 0.1minimètre, la réponse sera de 100 influx par seconde et par millimètre. C’est une réponse non linéaire (Boyd)