La jambe courte c’est quoi exactement ?
On parle de jambe courte lorsque l’on mesure une différence de longueur entre la jambe droite et la jambe gauche. Les répercussions de cette différence peuvent être visible au niveau de la ceinture pelvienne(bassin), du dos et de la ceinture scapulaire(épaules).
Il en existe deux types :
- Anatomique : inégalité par asymétrie géométrique des membres inférieurs.
- Fonctionnelle tonique : inégalité par asymétrie tonique posturale.
Quelles sont les causes ?
Les causes de cette différence peuvent être multiples :
- atteintes des membres inférieurs (hanche luxée, coxa vara/vara, ostéochondrite des épiphyses fémorales, allongement congénital etc.)
- Atteintes générales pouvant se localiser aux membres inférieurs (paralysie sciatique, paralysie musculaire, ostéomyélite, arthrite, tumeurs affectant la plaque cartilagineuse etc.)
- Séquelles de fractures.
- Séquelles chirurgicales (après une opération de la hanche par exemple)
En dehors des causes génétiques ou traumatiques, les deux jambes devraient grandir de façon symétrique. Penser que les jambes puissent pousser de façon inégale, laisserait penser qu’il existe deux hormones de croissance : une pour le côté droit et une pour le côté gauche, or il n’en est rien. (Bernard Bricot, la reprogrammation posturale globale, p. 182)
L’inégalité augmente régulièrement avec la croissance en gardant un pourcentage constant par rapport à la longueur de l’os sain avec un maximum vers l’âge de 12ans chez les filles et de 14 ans chez les garçons, puis diminue de 15% jusqu’à la fin de la croissance. (Cours de posturologie clinique de CFPO Paris)
En réalité, les asymétries observées pendant la croissance sont liées au déséquilibre postural ; pendant la croissance toute pression accrue sur un membre freine la croissance de ce membre, l’inverse étant également vrai. Dans l’enfance la cause oculaire étant la plus fréquente avec, le plus souvent une jambe courte à droite et une insuffisance de convergence sur l’œil gauche. (Bernard Bricot, la reprogrammation posturale globale, p. 182)
Retentissements et signes d’une différence de longueur de jambes ?
- lombalgie(controversé)
- arthrose de hanche
- gonarthrose
- bursite du grand trochanter du côté long.
- trouble de la marche si la différence est de plus de 2 centimètres.
- fracture de fatigue.
- musculaire : muscles du membre inférieur et muscles lombaire.
- scoliose convexe côté court.
- scoliose plus important en position debout qu’en position assise.
- déséquilibre morpho statique dans les 3 plans.
- projection du centre de gravité hors norme.
- appui sur le membre le plus long dans 80% des cas.
- rotation antérieure de l’iliaque (os du bassin) côté court (le bassin essayera de rallonger la jambe courte en antériorisant l’os iliaque.)
- épaule plus basse côté court.
- rotation cervicale plus importante côté court.
Traitement ?
Le traitement s’impose s’il y a une fonction défensive du système postural.
En général il est rarement nécessaire de corriger la différence de longueur inférieure à 20mm grâce à la capacité d’adaptions de la ceinture pelvienne(bassin).
Ce n’est que depuis peu que l’homme a rendu artificiel presque tous nos sols, tout est aujourd’hui droit, le parquet, le carrelage, les trottoirs , les routes etc. ; nous sommes programmés pour marcher sur des sols non artificiels et souvent accidentés, le corps humain possède donc toutes les stratégies pour s’adapter aux irrégularités grâce aux chevilles et au bassin notamment, il est souvent inutile de compenser une jambe courte de quelques mini mètres, le corps étant entièrement conçu pour s’adapter. En revanche une différence plus importante de plus de 20mm peut entrainer des problèmes. Il est de tout façon conseiller de faire un bilan postural et un examen biomécanique pour déterminer le retentissement d’une différence de longueur de jambes sur la posture et sur la dynamique.
Le traitement dépendra surtout de la nécessité de corriger ou non la différence de longueur et de son origine.
Le traitement sera souvent orthétique par le port d’une paire de semelle, d’une talonette, ou les deux.
La taille de la talonnette (talonnette complète ou demi) dépendra de la stratégie posturale du patient.
A chaque œil directeur sa jambe courte : un œil directeur gauche aura souvent une jambe un peu plus courte à gauche et un œil directeur droit une jambe plus courte à droite. Si la jambe courte est du côté opposé à l’œil directeur, il sera peut-être utile de compenser en fonction de l’impact sur le système postural d’aplomb. (Cours de posturologie clinique de CFPO Paris).
L’épaisseur de la talonnette dépendra surtout de la volonté du thérapeute de compenser la jambe courte du patient. Elle peut varier de 2à 5mm embarqué dans la chaussure. Pour une question de place, si la compensation est supérieure à 5 mm, il sera préférable de compenser directement sur la chaussure même.
Conclusion :
En cas de différence de longueur de jambe, il est conseiller de consulter un podologue, posturologue, kiné ou un autre professionnel de la santé afin de déterminer si la différence affecte ou non la posture de façon nociceptive. Grâce à un examen complet avec prises de mesures et tests posturaux il est possible d’évaluer cet impact et de choisir si un traitement est vraiment nécessaire ou non. Une bascule de bassin n’est pas nécessairement le signe clinique que les jambes sont inégales, malheureusement beaucoup de personnes se font traiter pour une jambe courte par le simple fait que le bassin n’est pas droit en étant debout, il faut savoir interpréter les vrais signes cliniques grâce à un bilan complet et c’est seulement après avoir eu toutes les informations qu’une stratégie thérapeutique peut être penser.